Vous avez des économies, peut-être même plus que la moyenne, et pourtant vous ressentez régulièrement cette peur de manquer. Peut-être éprouvez-vous une forme de honte ou de culpabilité et vous vous dites : « Ce n’est pas normal car je ne suis pas à plaindre ». Sachez que mon expérience me montre aujourd’hui que cette émotion ne dépend pas de votre compte en banque mais bien de vous. Explorons cela plus en profondeur.
Pour ceux qui douteraient de ce qui est écrit plus haut, j’aimerais rappeler que durant les dix-sept ans d’expérience en tant que conseiller en placements financiers dans une grande banque internationale, j’ai eu de très nombreuses occasions d’observer cette peur de manquer parmi mes clients fortunés (parfois multimillionnaires). À l’époque, je ne comprenais pas comment il était possible de vivre une telle émotion en étant si riche. Ironie de l’histoire, j'identifiais clairement cette peur insidieuse chez mes clients et ne percevais pas qu’elle était très présente en moi également, malgré d’excellents revenus et des économies de plusieurs dizaines de milliers de francs suisses.
A partir de là, il est essentiel de prendre conscience que la solution pour en sortir n’est pas et ne sera jamais financière mais bien intérieure. Autrement dit, il s’agit d'identifier quelles croyances, pensées, blessures, souvenirs marquants ou autre « traumatisme » vécu dans la généalogie sont à l’origine de cette peur.
Avant d’aller plus loin, il est important de rappeler quelques conséquences courantes de la peur de manquer :
- Tension dans les couples ou en famille dès qu’il s’agit d’argent.
- Persister dans un travail qui ne convient plus plutôt que d'oser le projet de coeur.
- Se sacrifier pour gagner de l’argent au détriment de sa santé et de son bien-être.
- Limiter les dépenses et investissements même pour des choses qui font envie.
- Ne pas oser consulter ses comptes ou au contraire regarder son solde en compte tous les jours.
- Tensions physiques, stress dès qu’il s’agit de faire des paiements, sa comptabilité ou parler d’argent.
- Renoncer à des activités sociales par peur de dépenser trop d’argent.
Si on revient sur les causes de cette peur, il est nécessaire de se poser les questions suivantes :
1. Est-ce une peur qui vous appartient ou est-ce celle d’un membre de la famille (souvent un père ou une mère) que vous portez ?
2. Est-ce que cette peur s’est instaurée durant votre vie ? Et dans ce cas, de quoi avez vous manqué durant votre enfance ?
Il est possible que vous soyez concerné par les 2 points décris ci-dessus.
Exemple d'une peur qui ne vous appartient pas :
Sébastien vient participer à un atelier sur la relation à l’argent pour entrepreneurs. Après avoir écouté mes explications, il sent qu’il porte la peur de sa mère. Je lui fais faire un rituel au cours duquel il à sa mère la peur qu’il portait pour elle. Au second jour de l’atelier, les participants font remarquer qu’il a rajeuni de dix ans. Des mois plus tard, il me confie que tout a changé dans sa vie. Il n’accepte plus n’importe quel contrat. Il mène de nouveaux projets et est confiant dans leur réussite. Il est surtout beaucoup plus apaisé au quotidien. Il est important de comprendre que ce n’est pas un fardeau que l’on rend à l’autre. Porter la peur de X,Y ne diminue en aucun cas la leur.
De quel manque avez-vous souffert ?
Si cette peur s’est établie durant votre enfance, de multiples raisons peuvent en avoir été la cause : manque d’affection d’un ou des deux parents ; perception que vous ne comptez pas, n’avez pas de valeur aux yeux des proches ; sensation que vous ne correspondez pas aux
attentes de vos proches ; paroles dévalorisantes d’une personne importante. Mais des évènements vécus comme traumatisants peuvent également en être la cause. Divorce des parents et crainte de l’un ou l’autre sur les conséquences financières ; décès d’un proche ; faillite familiale, visite des huissiers à la maison ; sensation que l’argent était un souci permanent chez l’un ou les deux parents ; etc.
Derrière tout cela, il en résulte une confiance déficiente dans sa capacité à faire face aux événements qui se présentent et une estime de soi insuffisante. En résumé, ces inquiétudes génèrent des fondations peu solides pour construire sa vie. J'observe cela parfois parmi des personnes qui ont des postes à responsabilité. Peu imaginerait de l’extérieur que cette peur est présente car l’image d’une belle réussite est présente.
Trois clés pour aller vers plus de sérénité
1. Rencontrez votre enfant intérieur qui est toujours en insécurité, l’accueillir et le rassurer sur votre présence sans faille auprès de lui. Sans cela, c’est lui qui prendra parfois le dessus dans votre vie d’adulte et qui d’une certaine manière vous imposera sa peur toujours active. La visualisation se prête bien à cette rencontre.
2. Accueillez l’insécurité comme un ingrédient de la vie plutôt que comme quelque chose à fuir. Que vous le vouliez ou non, vous ne savez pas à quoi ressemblera votre vie dans un, cinq ou dix ans. La crise de 2020 a parfaitement démontré que tout ne se déroule pas toujours comme. Comme l’écrit ce grand sage québécois, Rémi Tremblay : « Mon job est d’apprendre à danser avec l’insécurité de la Vie. » Ne fuyez pas l’insécurité, accueillez-là, prenez le temps de l’observer plutôt que de réagir à partir de la peur.
3. Observez-vous chaque fois que la peur du manque revient. Vous n’êtes pas votre peur mais il y a une émotion de peur en vous, ce qui est très différent. J’aime représenter cette émotion par une chaise ou un coussin et dialoguer avec. La question qui m’aide est : « Ai-je à l’instant un réel problème financier ? » En ce qui me concerne la réponse est non : mon mental anticipe les problèmes à la fin du mois, la période où les enfants feront des études, le moment de la retraite, etc. Ne laissons pas notre mental être une fabrique à peur du futur et revenons dans le moment présent chaque fois que la peur se manifeste. Prenez déjà le temps de respirer et d’observer vos pensées, l’histoire que vous vous racontez afin que la peur ne vous submerge pas.
Dans un prochain article intitulé, « Être dans un esprit d’abondance », vous découvrirez d’autres clés complémentaires à celles évoquées ici.